« Ce Corbin est bien l’homme le plus savant que j’aie jamais rencontré. Il est étouffant. Il sait le français, l’allemand, l’italien, l’espagnol, l’anglais, l’arabe et le persan. Et assez pour lire : le sanscrit, le turc, le hollandais, le suédois et le latin. Il est plongé dans la mystique arabe et n’ignore pas un recoin de la philosophie et de la théologie allemande contemporaine, dont il connaît tous les coryphées personnellement. Mais surtout, il n’est rien de tout ce qu’il sait, qui ne soit pour lui en rapport direct avec sa tâche immédiate, rien qui ne soit existentiel, c’est-à-dire qu’il hait l’histoire lorsqu’elle est autre chose qu’une «présentation» des choses et des hommes, et s’indigne avec enthousiasme contre tant de méthodes françaises psychologiques, précautionneuses et irréelles. Simplement dit, il est chrétien. C’est un type de Français assez rare et bienfaisant. Il sait aussi la musique, quoiqu’il admire Parsifal et m’ait donné d’excellentes raisons techniques pour cela, sur la tonalité des chœurs du Graal au troisième acte, et la tenue toute prédestinationnelle du drame. » Rolland de Pury 21 août 1932, p. 188-189.
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Ref. Roland de Pury, Lettres d'Europe un jeune intellectuel dans l'entre-deux-guerres, 1931-1934, Genève/Paris, Labor et fides/du Cerf, 2010, 314 p.